En
l'an de grâce 1686, une effroyable tempête balaya la côte atlantique d'un
bout à l'autre.
Au
plus fort de la tornade, un trois-mâts s'échoua sur les hauts fonds de
l'île du Diable, situés à proximité des îles sous le vent au Nord de la
Nouvelle Grenade.
Durant cette nuit du dimanche 30 mai 1686, le trois-mâts se brisa et,
au matin, la plage se trouva jonchée de coffres, barils, caisses, espars,
gréements, haubans, poutres et planches, aubaine inespérée pour les 5
rescapés. Sans doute, le Black Bird, nom que l'on pouvait lire sur les
coffres de marins et les barils d'eau douce, venait-il d'Ecosse.
Le capitaine du galion pirate Glen Jones-Wallace, son second Brett Wilkinson,
deux matelots Jean de Nantes et Rodriguez Pereira de Valencia et un moussaillon
de 13 ans John Jenkins rassemblèrent le trésor échoué. Pendant que le
jeune mousse gardait le campement, le capitaine, son second et les deux
matelots cachèrent le trésor sur l'île du Diable.
Ce riche butin, d'une valeur inestimable, fut amassé tout au long de leurs
pirateries sur les côtes des Indes, d'Afrique et sur la route des Iles
d'Antilles. Au fil des mois, affamés, esseulés, malades et obsédés par
le trésor, ils s'entre-tuèrent. Seul le moussaillon survécut. A l'aube
du 30 mai 1687, avant d'enterrer les corps, il les fouilla en espérant
trouver quelque indice pouvant le mener au trésor enfoui.
A sa plus grande joie, il trouva la carte du trésor dans une des poches
du capitaine qu'il cacha par précaution. Après avoir mis sous terre le
corps du second et des deux matelots, fourbu de fatigue, il s'assoupit
pendant quelques heures. A son réveil, à sa grande stupéfaction, la dépouille
du capitaine avait disparu. Demeurée introuvable, il lui fit tout de même
une tombe vide et inscrivit le nom du capitaine sur une croix blanche.
Aujourd'hui, 30 ans plus tard, personne ne sait ce qu'est devenu ce moussaillon.
Cependant, le capitaine Jean de la Vallette de La Rochelle, pirate ô combien
connu, a fait courir dans toute l'Europe et la mer des Antilles, son souhait
de monter une expédition pour se rendre sur l'île du Diable. Malgré l'appât
du gain, les pirates, flibustiers, corsaires, boucaniers les plus émérites
et redoutables de tous les océans et de toutes les mers, demeurèrent réticents
à l'idée de se rendre sur l'île du Diable. En effet, nombreuses furent
les expéditions qui échouèrent.
La légende raconte même que le fantôme du capitaine Glen Jones-Wallace
hante l'île et protège son trésor.
Persuadés que le capitaine Jean de La Vallette de La Rochelle est en possession
de la carte au trésor, une quinzaine d'hommes et de femmes en soif d'aventure
et d'or répondirent à l'appel et se rendirent au rendez-vous à la taverne
du Volta ce 30 mai de l'an de grâce 1716, lieu de départ pour l'expédition
à destination de l'île maudite . . . . . . . .
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